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08.02. Babel - Chapitre VIII (2/4)

lundi 31 décembre 2007, par Luc de Bauprois


(Episode précédent)

— Comme tu t’en doutes, je ne peux pas rentrer chez moi… Enfin, je préfère ne pas tenter le coup !

— Tu veux que je vous héberge ?

— Hé bien…

— Pas de problème ! Alors, on s’y met ?

— Allons-y ! répondirent d’une même voix Alain et Patricia.

Marc leur expliqua brièvement comment entrer le texte des listings.

— Tu avais raison quand tu disais que ce n’est pas très différent d’une machine à écrire, commenta Alain.

— Si, quand même, répliqua Marc, un peu vexé par le manque de considération d’Alain envers ses sacro-saints ordinateurs. Tu sais, on peut faire beaucoup plus de choses avec ça qu’avec le vieux clou que tu utilises d’habitude !

— Je m’en doute bien.

— Bon, il y a trois choses à faire : les deux listings à retaper et le programme de recherche à écrire…

— Je propose que tu t’occupes du programme, ironisa Alain.

— Telle était mon intention ! répondit Marc sur le même ton.

Marc avait plus d’un ordinateur et ils purent donc tous se mettre au travail. Le cliquetis des touches des claviers envahit bientôt le local.

Alain fut le premier à achever son pensum. Habitué à l’utilisation d’une machine à écrire, il tapait assez vite, plus vite même que Marc qui n’utilisait que deux doigts de chaque main.

Il leva les yeux et contempla Patricia qui approchait elle aussi de la fin de son listing. Bientôt elle releva la tête et vit Alain qui la regardait. Elle lui adressa un sourire enjôleur qu’Alain lui rendit aussitôt…

Ils restèrent ainsi un instant à se fixer, les yeux dans les yeux. Mais leur curiosité l’emporta sur leur romantisme et ils se levèrent tous deux pour aller voir ce que faisait Marc.

Celui-ci était encore en train de taper des mots cabalistiques, dont le sens échappait aux profanes qu’ils étaient. Il composa une dernière commande et s’étira longuement :

— Voilà, dit-il, ça devrait marcher… Il n’y a plus qu’à attendre.

Un “bip” suivi de l’affichage d’une multitude de messages d’erreurs mit fin à son attente, beaucoup plus tôt qu’il ne l’avait prévu…

Il se remit à taper de plus belle, jurant comme un beau diable. Quelques secondes plus tard, il s’arrêta à nouveau et attendit, sans mot dire cette fois. Aucun message ne s’afficha et il lança cette étrange imprécation :

— Ça boume ! La “compile” a réussi.

Il retapa quelques touches et l’écran se remit à afficher de nombreuses salves de sentences étranges, faites de mots anglais et d’abréviations mystérieuses…

— Ça y est, expliqua-t-il, l’analyse des mots de passe est en cours. Il y en a pour une heure ou deux, peut-être même plus !

— Tant que ça ?

— Au moins… Vous devriez aller vous reposer tous les deux.

— Et toi ?

— Il faut bien que quelqu’un reste pour surveiller la recherche. Je ne crois pas que tu puisses le faire à ma place.

— Je ne le crois pas non plus.

Alain et Patricia partirent dans la chambre de Marc. Ils s’assirent sur le lit, et Alain la prit dans ses bras. Ils s’allongèrent ensemble et il commença à la caresser, doucement mais sans arrière-pensée.

La fatigue fut cependant plus forte que le plaisir qu’ils éprouvaient à se toucher mutuellement et ils s’endormirent ainsi, restant serrés l’un contre l’autre, dans la position où le sommeil les avait surpris.

Ce fut la lumière blafarde d’un jour nouveau qui les réveilla, tous les deux en même temps. Ils prirent le temps de s’embrasser longuement avant de se lever, puis Alain s’écarta d’elle à regret :

— Ce n’est pas tout ça, je me demande où en est Marc.

Ils se levèrent et retournèrent dans le bureau de leur ami. Celui-ci était toujours en train de tapoter sur son clavier, et ses yeux rougis prouvaient qu’il n’avait vraisemblablement pas fermé l’œil de la nuit.

— Salut Marc, dit Alain.

— Ah, vous êtes réveillés…

— On dirait… Tu as trouvé quelque chose ?

— Plusieurs choses même ! D’abord, je n’ai pas eu trop de problèmes à trouver la logique des mots de passe, mais c’est bien grâce à la liste que tu m’avais fournie. Bref, je me suis donc connecté et j’ai fait des statistiques sur l’activité des machines…

— Alors ?

— Il y a deux possibilités : soit la tour fonctionne encore et de manière autonome, soit il y a encore du monde dedans. Je penche plutôt pour la seconde hypothèse !

— Pourquoi ?

— Parce que l’activité ne se fait pas selon des processus rationnels, mais plutôt de manière aléatoire. Je sais bien qu’un tel comportement aurait pu être programmé, mais je n’en vois pas l’intérêt.

— Moi non plus !

— Prenons donc l’hypothèse que Babel soit encore habitée. Dans ce cas elle est même très peuplée. Si on ne tient compte que du déplacement des ascenseurs, en faisant quelques hypothèses sur…

— Passons tes hypothèses, que conclus-tu ?

— D’après moi, il y a plus de quarante mille personnes dans la tour.

— Quarante mille, répéta Alain, incrédule.

— Au moins !

— Je dois y aller.

— Je me doutais bien que tu aurais cette réaction. Je me suis donc intéressé aux ordinateurs contrôlant le déplacement des cabines. D’après leur programmation, il semble que l’un des ascenseurs puisse descendre jusque dans le sous-sol du pilier sud-est, au niveau des carrières. Tu vois où je veux en venir ?

— Il faudrait être aveugle…

— Mais il y a une difficulté.

— Laquelle ?

— Toujours d’après la programmation, il n’y a pas de bouton d’appel dans les catas… Si tu veux prendre l’ascenseur, il faut que quelqu’un vienne te chercher…

— Je ne vois pas qui… commença-t-il avant de réaliser qu’il y avait une solution évidente : tu ne pourrais pas simuler une…

Marc ne le laissa pas finir sa phrase :

— C’est exactement ce que j’étais en train de préparer lorsque tu es arrivé.

— Et ça marche ?

— Apparemment !

— Fantastique… Tu es vraiment un génie !

A suivre...


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