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05.02. Babel - Chapitre V (2/4)
lundi 8 octobre 2007, par
— J’aurais dû prendre une lampe, grommela-t-il.
Alain pénétra à son tour dans la cave. Contrairement à ce qu’il avait craint, elle était plus ordonnée que l’appartement. “Elle ne pouvait être moins bien rangée”, songea-t-il avec un petit sourire.
Ils attendirent un instant que leurs yeux se soient habitués à la pénombre qui régnait dans la pièce, puis l’homme se dirigea avec assurance vers le coin le plus éloigné de la pièce et ramassa un carton poussiéreux :
— Ça y est, je l’ai ! s’exclama-t-il.
Ils refermèrent la cave et regagnèrent le rez-de-chaussée. L’ancien ingénieur dit à Alain qu’il n’avait qu’à regarder par lui-même et alla une nouvelle fois ouvrir les volets.
Alain se pencha vers le carton et jeta un machinalement un coup d’œil en direction de l’homme. Alors que celui-ci achevait d’ouvrir le volet, Alain fut aveuglé par un reflet provenant du toit de l’immeuble voisin. Il cligna des yeux et regarda à nouveau.
Là-bas, quelqu’un épaulait un fusil à lunette en direction de l’appartement. Alain voulut prévenir son compagnon mais n’en eut pas le temps : avant même qu’il n’ouvre la bouche, le coup partit et la balle atteignit l’ingénieur en pleine tête. Il s’immobilisa un instant, comme surpris par ce qui lui arrivait, avant de tomber lourdement en arrière.
Alain s’était, quant à lui, jeté au sol, et bien lui en prit, car un second coup de feu fit voler la vitre en éclats, la balle le manquant de peu. Il resta allongé une bonne minute, sans faire le moindre mouvement, espérant que l’autre croirait l’avoir atteint. Rien ne se passa. Il se releva, toujours rien. On ne pouvait plus voir personne sur le toit en face : le tireur avait levé le camp…
Il tâta le pouls de l’ingénieur. Plus d’espoir pour lui, il était mort et bien mort. Alain reporta son attention sur le carton de documents qu’ils avaient remonté de la cave. Il allait l’ouvrir quand un bruit de pas venant du couloir capta son attention. Quelqu’un s’arrêta devant la porte de l’appartement et frappa :
— Monsieur Nardon ? Vous allez bien ? J’ai entendu un drôle de bruit. Monsieur Nardon ?
On frappa encore. Alain ne voulait pas être mêlé à cette nouvelle affaire, car, cette fois-ci, elle risquait de lui coûter sa place… Et de toutes façons il serait sûrement mis au courant pas ses collègues. Il allait s’élancer par la fenêtre quand son regard tomba sur la caisse. Il se ravisa et s’en saisit. Heureusement elle n’était pas trop lourde…
Nanti des précieux documents, il enjamba l’appui de fenêtre et s’éclipsa avec célérité.
Il n’avait croisé personne dans l’immeuble. Il n’avait été vu en compagnie du mort qu’à la bibliothèque et au café. Il y avait tant de monde à ces deux endroits qu’on n’avait pas pu les remarquer. Cette pensée rassura Alain mais, après réflexion, elle lui sembla plutôt inquiétante : s’ils n’avaient pas été vus, pourquoi avait-on cherché à le tuer ? Et qui était visé, lui ou l’ingénieur ?
Il regagna rapidement son domicile et rentra discrètement chez lui, se dépêchant de refermer la porte et de baisser les stores de peur de recevoir un nouvel envoi de plomb…
Enfin, il put ouvrir la fameuse caisse et il déplia un à un les différents documents. Ceux du dessus ne l’intéressèrent pas particulièrement : il s’agissait de plans et de notes relativement récents. Alain ne les regarda que rapidement et d’un œil distrait.
Au fur et à mesure qu’il progressait, les papiers devenaient plus anciens. Il arriva bientôt à la fin de ceux dont l’ingénieur avait fait usage lorsqu’il travaillait au projet.
Tout au fond de la pile, il découvrit finalement un dossier fermé par une courroie et intitulé “Historique des travaux de 1886 à 1950”. Il s’agissait sans aucun doute des documents qu’on lui avait remis lors de sa prise de fonctions.
Alain prit le dossier et défit la sangle qui le maintenait fermé. À l’intérieur se trouvait une série de chemises cartonnées soigneusement étiquetées qui regroupaient l’historique des différentes phases de la construction de la tour…
Alain ne perdit pas de temps et ouvrit celle concernant les travaux de fondations. Il tourna nerveusement les pages qui la composaient et finit par trouver ce qu’il cherchait : un plan. En fait, il y en avait même plusieurs…
Le plan général l’intéressa peu car il était trop schématique. En revanche, il y avait toute une série de vues en coupe des quatre piliers de la tour. Alain sélectionna celles qui concernaient le pilier sud-est, celui qui l’intéressait.
Il reclassa les différentes vues et ne fut pas déçu : il y avait bien des passages ! En rapprochant ces cartes du plan des carrières, il constata que les deux galeries qu’il avait remarquées jouxtaient curieusement deux cages d’ascenseur…
Il ne s’était sans doute pas trompé en pensant que l’homme devait venir de Babel !
Il allait ranger les dossiers lorsqu’il aperçut une enveloppe au fond du carton. Il reposa la pile de documents à côté de la caisse et s’en empara.
Elle était adressée à l’ingénieur qu’il avait vu mourir. Il l’ouvrit et déplia la lettre qui se trouvait encore à l’intérieur :
Infinita, le 10 septembre 1974
Alain interrompit sa lecture. Le 10 septembre, si ses souvenirs étaient bons, c’était à peine une semaine avant le fameux incendie. Il se remit à lire :
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