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09.01. Babel - Chapitre IX (1/4)

lundi 21 janvier 2008, par Luc de Bauprois


(Episode précédent)

Chapitre IX

Les deux vantaux achevèrent leur course en un claquement sinistre qui se répercuta longuement tout au long des galeries humides qu’ils venaient de parcourir. Alain éclaira l’intérieur de l’habitacle qui venait de se démasquer. La main de Patricia se resserra sur le poignet de son compagnon :

— Regarde, dit-elle en un murmure à peine audible, rien n’a brûlé, tout est intact… L’incendie n’a donc pas eu lieu ! Mon père est peut-être encore vivant.

— Tout doux ! Ce n’est pas parce qu’un ascenseur semble être intact que rien n’a été détruit. D’abord il peut très bien avoir été réparé depuis, ou bien n’a-t-il pas subi les effets du sinistre car il en était loin. Peut-être même était-il ici.

— Tu as sans doute raison, lâcha-t-elle à regret.

— Mais en tous cas, il y a au moins une chose dont nous pouvons être sûrs…

— Laquelle ?

— Hé bien, que la tour est toujours habitée…

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-elle, dubitative.

— Il n’y a pas le moindre grain de poussière… Tout est nickel !

Alain se décida le premier et pénétra dans la cabine d’un pas qu’il aurait voulu assuré :

— En avant les braves, railla-t-il.

Puis, voyant que Patricia hésitait à le suivre :

— Tu sais, tu n’es pas obligée de venir, dit-il en lui tendant la carte qui les avait menés jusque-là. Avec ça, tu devrais facilement retrouver ton chemin jusqu’à la sortie.

Un léger bourdonnement se fit entendre tandis que Patricia tendait la main vers le plan. Interrompant son geste à peine ébauché, elle bondit dans la cabine et les portes se refermèrent derrière elle, les isolant, peut-être à jamais, des ténèbres humides et glauques des catacombes…

— Alea jacta est, lui dit-elle sur un ton de défi. Ce n’est peut-être pas le Rubicond que je viens de franchir, mais…

— Mais ça revient au même, espèce de César d’opérette, acheva posément Alain avec un demi sourire.

— Et maintenant ? demanda-t-elle.

Alain éclaira les parois de la cabine, à la recherche d’un tableau de commandes. En vain : visiblement, rien ne permettait de commander l’ascenseur :

— Ici non plus, il n’y a pas de bouton… J’espère que Marc va avoir la bonne idée de nous faire partir.

Alors même qu’il prononçait ces mots, une sourde trépidation naquit sous leurs pieds tandis qu’une lumière crue inondait l’habitacle. Ils sentirent alors distinctement l’accélération de la cabine qui les tirait vers le sol :

— Ça y est, Marc s’occupe de nous, commenta Patricia.

— Je me demande bien où il nous emmène.

Puis, avisant les strapontins disposés le long des parois de la cabine, il proposa :

— Vu la vitesse, on en a pour la journée ! Autant s’asseoir.

— Tu as raison, commença Patricia en l’imitant, mais il faut…

Une voix synthétique aux étranges sonorités métalliques se fit soudainement entendre :

— Passagers assis, passage en survitesse.

Marc s’agrippa instinctivement et bien lui en prit car une brutale accélération les plaqua sur leurs sièges, tandis que le bourdonnement du moteur se muait en un mugissement de plus en plus aigu.

Lorsqu’enfin la pression se relâcha, Patricia acheva sa phrase :

— Il faut contacter Marc !

— Oui, avec cette vitesse nous ne passerons que peu de temps enfermés ici…

Alain se releva lentement. Malgré la rapidité du fragile habitacle qui les emmenait vers les cieux, il n’eût aucun mal à le faire.

Déroulant d’une main le câble du terminal portable, il attrapa l’imposante prise qui le terminait. Elle était plate, trapézoïdale, et comportait en son extrémité vingt-cinq broches aux reflets dorés, disposées en deux rangs de douze et treize petits picots arrondis.

— Il faut trouver la prise femelle qui lui correspond, commença Marc en la montrant à Patricia.

— Tu veux faire un élevage ? plaisanta-t-elle.

— C’est malin !

Ils se mirent à la recherche du connecteur, mais, au bout de quelques minutes, ayant attentivement exploré les trois parois, ils se redressèrent, bredouilles.

— Rien trouvé.

— Moi non plus…

Par acquis de conscience ils examinèrent aussi plafond et plancher, et même, en désespoir de cause, les portes d’accès… Rien ! Patricia se mit à jouer nerveusement avec le câble du terminal, le tenant dans la main droite et faisant sauter le connecteur dans la main gauche. Tout à coup elle s’arrêta et dit avec un petit sourire narquois :

— Je sais où est la prise !

— Où ça ?

Elle lui montra le côté du connecteur qui comportait un pictogramme cabalistique gravé en creux dans le plastique : deux petites flèches allant en sens opposés entourées d’un cadre rectangulaire.

— Ce signe, commença-t-elle.

— Quoi, ce signe ?

— J’ai vu le même, là-bas, dit-elle en désignant le fond de la cabine.

A suivre...


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