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10.01. Babel - Chapitre X (1/4)

lundi 18 février 2008, par Luc de Bauprois


(Episode précédent)

Chapitre X

Alain pénétra en coup de vent dans une salle brillamment éclairée. Il jeta un coup d’œil autour de lui : personne. Le flot d’adrénaline qui se déversait dans ses veines commença à faiblir et il se détendit un peu.

C’est seulement à cet instant précis qu’il réalisa l’étrangeté du lieu dans lequel il se trouvait : c’était une salle totalement disproportionnée. Si sa surface était raisonnable, bien que grande, environ dix mètres sur vingt-cinq, son plafond était terriblement haut : au moins à cent cinquante mètres au-dessus de lui…

Il fut aussitôt assailli par une sensation de vertige : à contempler ainsi les infinies murailles qui s’élevaient autour de lui pour se rejoindre si loin, si haut, il avait l’impression d’être au centre d’un gouffre béant dont le vide l’attirait irrésistiblement.

Il secoua la tête pour s’arracher à cette vision et, avec calme, fit, du regard, le tour de la pièce. Trois portes s’offraient à lui. Il se dirigea vers la plus proche et colla son oreille contre le métal glacé du vantail.

Pas un bruit, le silence le plus absolu…

Il jeta un coup d’œil derrière lui : Patricia attendait dans l’embrasure de l’ascenseur, empêchant les portes de se refermer et guettant un signal de sa part.

Il écouta encore un instant : toujours rien. Il posa la main sur la poignée et la fit tourner lentement tout en restant aux aguets.

Toujours le silence le plus complet.

Il entrouvrit la lourde porte métallique et passa la tête dans l’embrasure… Personne ! La seconde salle était semblable à la première : son plafond était aussi lointain.

Mais elle n’était pas complètement vide : la paroi où s’ouvrait la porte qu’Alain s’apprêtait à franchir était tapissée de containers métalliques de couleur sombre, fixés au mur par d’épaisses courroies peintes en rouge vif.

Il ouvrit complètement la porte et pénétra dans la pièce, s’assurant qu’elle était vraiment déserte.

Il se retourna encore une fois et fit signe à Patricia de le rejoindre. Elle quitta le refuge de l’ascenseur et se dirigea vers lui à pas furtifs mais rapides.

Quelques secondes plus tard ils étaient à nouveau réunis. Elle allait parler lorsqu’un bruit métallique les fit sursauter tous deux. Ils regardèrent autour d’eux, sans voir le moindre mouvement suspect. Patricia interrogea Alain du regard.

Il haussa simplement les épaules, lui montrant par là qu’il n’en savait pas plus qu’elle.

C’est en jetant un dernier regard vers l’ascenseur tandis qu’il refermait la porte, qu’Alain réalisa d’où venait le bruit qui les avait surpris : la cabine avait quitté l’étage, tout espoir de retour leur était, pour l’instant, interdit.

L’immensité des lieux et le silence pesant qui y régnait avaient un aspect solennel qu’ils avaient l’impression de souiller. Mais les femmes ne peuvent tenir longtemps leur langue et Patricia ne faillit pas à la règle :

— Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? demanda-t-elle à voix basse.

— Je crois que la première chose à faire est de contacter Marc, lui répondit-il sur le même ton de conspirateur.

— Tu as raison.

Elle regarda vers le haut :

— Je ne comprends pas, tout est détruit.

— On dirait plutôt que rien n’a jamais été construit !

— Ça n’est pas possible, je suis déjà venue ici. Il y a longtemps c’est vrai, mais je suis certaine que les dix premières sections de la tour étaient achevées.

— Peut-être y a-t-il eu vraiment un incendie alors.

— En tout cas il n’y en a pas trace ! Si la tour a brûlé, elle a été partiellement réparée.

— Bizarre.

— D’autant plus bizarre que les parois sont légèrement courbes. Tu as remarqué ?

— Oui c’est étrange. Si la tour était ronde j’aurais compris, mais elle est plutôt carrée… Et tu as vu toutes ces caisses ?

Il s’approcha du mur et tenta de défaire une des courroies. Peine perdue, chaque container était verrouillé par celui qui le surmontait. Il aurait fallu escalader toute la pile pour en ouvrir un, ascension impossible sans un matériel adapté.

Alain s’était remis à marcher, passant le long de la paroi à la recherche d’une prise informatique qu’il ne tarda pas à trouver.

Suivant le mystérieux rituel que lui avait enseigné Marc et qu’il commençait à connaître par cœur, Alain réalisa la connexion avec son ami resté au niveau du sol. Marc lui répondit de manière quasiment instantanée :

MARC>	Alors, quelles nouvelles ?
ALAIN>	De notre côté, ça va. Et du tien ?
MARC>	Les nouvelles sont plutôt mauvaises, très mauvaises même ! La France
        vient d’annoncer qu’elle se joignait aux États-Unis et une déclaration
        de guerre au bloc asiatique est imminente.  D’ailleurs…
ALAIN>	D’ailleurs ?
MARC>	Elle vient d’avoir lieu. Un flash spécial l’annonce juste. Le bloc
        asiatique a posé un ultimatum en retour : si la France ne renonce pas,
        Paris sera détruite dans deux heures…
ALAIN>	Penses-tu que la France va renoncer ?

MARC> Je ne le crois pas, d’autant plus que, pour une fois, tous les pays
Européens font bloc avec nous…
ALAIN> Si je comprends bien, la fin du monde est proche…
MARC> Peut-être. Mais je ne suis pas trop inquiet : la France dispose de
missiles anti-missiles. En plus, pour vous, la fin du monde est encore
moins probable que pour moi…
ALAIN> Que veux-tu dire ?
MARC> Babel est le bunker le plus solide que l’on puisse imaginer. Bien sûr
c’est sa base qui sera visée, mais elle résistera certainement à une
bombe H, peut-être même à plusieurs… Du moins les étages les plus
élevés.
ALAIN> Tu nous conseilles donc de rejoindre le sommet ?
MARC> Oui. Mais je ne peux rien pour vous. Il n’y a plus un ascenseur
opérationnel dans votre section : toutes les cabines sont au-dessus de
la sixième section et refusent de descendre plus bas. L’accès à tous
les niveaux inférieurs est impossible… Va savoir pourquoi !

— Le voile ! lança Patricia. Ceux qui vivent ici le savent bien…

— Quoi, le voile ?

A suivre...


(c) 1992 Luc de Bauprois - Tous droits réservés

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