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03.04. Babel - Chapitre III (4/4)

lundi 27 août 2007, par Luc de Bauprois


(Episode précédent)

Il atteignit enfin la trappe et la poussa, sans succès. Avait-elle été ressoudée ? Il regarda avec inquiétude le flot qui continuait à monter rapidement vers lui et qui n’était plus qu’à quelques mètres.

Il tambourina sur la trappe, espérant que quelqu’un l’entendrait. Son action ne fut pas vaine puisque la plaque de métal glissa sur le côté et qu’une main se tendit vers lui.

Aveuglé par la lumière du jour, Alain ne pouvait voir le visage de son sauveur, il ne voyait que sa main qui le tira prestement hors du trou. Alain allait remercier l’inconnu lorsque celui-ci l’apostropha vivement :

— Qu’est-ce que vous foutiez là-dedans ? Vous ne savez pas que c’est interdit ?

— Mais… commença Alain constatant que l’homme n’était autre qu’un agent en uniforme.

— Vous êtes en état d’arrestation, le coupa l’autre. Vous avez vos papiers ?

— Je…

— Vos papiers tout de suite !

Alain décida de lui montrer sa carte d’inspecteur de police. Il porta la main à sa poche et jura en se rappelant son portefeuille était dans sa veste, au commissariat.

Il tenta de s’expliquer :

— Je suis de la même maison que vous. J’ai…

— Je vois, dit l’agent, pas de papiers ? Allez, au poste !

Alain tenta de se dégager mais un autre policier vint prêter main forte au premier et il se retrouva rapidement enfermé dans le traditionnel panier à salade qui lui avait déjà servi de moyen de locomotion… mais jamais en tant que prisonnier.

Une fois arrivé au poste, il fut conduit sans ménagement jusqu’à une cellule. Il tenta encore d’expliquer qui il était, mais on ne l’écouta pas.

Un peu plus tard, on vint le chercher pour un interrogatoire et il fut poussé dans un bureau où un de ses collègues achevait d’engager une feuille de papier dans une machine à écrire du même modèle antédiluvien que la sienne.

— Nom, prénom, âge et qualité ? interrogea-t-il sans même lever les yeux.

— Montfranc, Alain, vingt-huit ans, inspecteur de police.

— Bon, les plaisanteries ça suffit…

— Mais je suis flic, bordel de merde, tonna Alain. Il faut vous le dire comment ? En russe ? En javanais ?

— Mince ! lâcha l’autre. Vous êtes vraiment flic ?

— Jusqu’au bout des ongles, répondit Alain qui commençait à en avoir marre. Mais je n’ai pas ma carte sur moi. J’ai tenté d’expliquer ça à vos collègues, mais…

— Bon, on va vérifier ça. Vous êtes à quel commissariat ?

— Celui du quatorzième.

— On va bien voir, je les appelle.

Il décrocha son téléphone tout en commençant à chercher le numéro dans le volumineux annuaire inter-services. Alain le dispensa de sa quête en lui donnant, d’un ton résigné, celui du secrétariat de son chef.

— Allô ?

— Je suis bien au commissariat du quatorzième ?

La réponse fut affirmative car il demanda à parler au commissaire principal :

— Mes respects, monsieur. Charles Bonnier, commissariat du cinquième. On a un petit problème. J’ai là un dénommé Alain Montfranc qui prétend être un de vos hommes. Il n’a pas de papiers et…

— Je vous le passe.

Il tendit le combiné à Alain :

— Allô, chef ?

— C’est vous Montfranc ?

— Oui chef, comment dois-je vous le prouver ?

— Je reconnais votre voix. Vous avez encore fait des conneries, je présume. Repassez-moi la personne qui m’a appelé.

Alain s’exécuta. Son patron dut lui demander ce qui s’était passé car l’inspecteur lui narra l’histoire avant de raccrocher et de déclarer d’un ton sec :

— Votre chef vous demande d’aller le voir immédiatement !

— J’irai dès que vous m’aurez relâché, répliqua Alain d’un ton légèrement ironique.

— Allez-y !

Alain quitta le poste de police et se fit reconduire à son commissariat. Comme il se dirigeait vers le bureau de son patron, il croisa son collègue de l’équipement :

— Ah, bravo, dit ce dernier. Tu as salopé tout le matériel que je t’ai confié…

— Si tu crois que je l’ai fait exprès, tonna Alain.

— Oh, avec toi on ne sait jamais… Tu es toujours fourré dans des coups tordus !

— Et le coup que tu vas prendre, tu vas voir s’il est tordu ! C’est plutôt ton nez qui va l’être ! gronda Alain qui avait un sérieux besoin de se défouler…

— Calme-toi, mec ! Tu vas finir par te faire virer…

Alain respira un grand coup, sachant parfaitement que l’autre avait raison. Il reprit le contrôle de lui-même et s’excusa :

— Tu sais, j’ai plein d’emmerdements en ce moment, alors…

— Je comprends.

— Je ne sais pas si tu saisis vraiment. Moi-même je n’y comprends pas grand chose : je me fais virer du service action, maintenant on me dessaisit d’un dossier qui aurait dû logiquement me revenir. Je manque de crever noyé dans du béton liquide et je me fais foutre en taule. Il y a de quoi en avoir marre…

— Il t’est vraiment arrivé tout ça ?

— Oui ! Incroyable non ?

— Bof… De nos jours on voit tellement de trucs bizarres. Tiens l’autre fois…

— Je n’ai pas vraiment le temps d’entendre tes histoires, l’interrompit Alain. Je suis convoqué chez le big-boss…

— Dur ! Je te souhaite bon courage. Il doit certainement te réserver une des engueulades dont il a le secret…

— Dis-moi plutôt merde, j’en ai besoin !

— Si tu veux ! Dis, tu pourras passer me rendre le matériel rapidement. Sinon, moi aussi je vais avoir droit à un savon ! Normalement je n’aurais jamais dû te le confier sans ordre de mission…

— Pas de problème. Je vais déjà voir le vieux. Ensuite je prends une douche, je me change et je te ramène le tout…

— Tu ne vas pas te changer avant ? demanda l’autre, incrédule et regardant la tenue d’Alain encore habillé de la combinaison de caoutchouc malodorant maculée de plaques de ciment séché qui commençaient à se décoller, jonchant le sol d’une neige grisâtre.

— Il m’a dit qu’il voulait me voir tout de suite, alors tant pis pour sa moquette… conclut Alain avec un petit sourire narquois.

Il acheva de gravir l’escalier et se retrouva devant la porte de son chef. Il hésita un instant puis se décida à frapper.

— Entrez, lui ordonna une voix venue de l’autre côté.

Il s’exécuta sans un mot…

A suivre...


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