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05.04. Babel - Chapitre V (4/4)

lundi 22 octobre 2007, par Luc de Bauprois


(Episode précédent)

— Je n’ai aucun besoin de tout savoir sur les deux. Juste une seule question : lequel des deux à une fille ?

— Attendez… Voyons, enfants… Seulement le second, Hervé Villier.

— Bien, parlez-moi de celui-là !

— Il n’y a pas grand chose sur lui. Il est né en 1935 à Montélimard. D’après le dossier il est mort dans un incendie en 1974.

— Je savais déjà tout ça… Sauf sa date de naissance ! Rien d’autre ?

— Non, c’est tout…

— Et sur la fille ?

— Sur la fiche, il y a juste marqué “une fille, Patricia Villier, née à Paris en 1970”. C’est tout.

— Vous pouvez me trouver des renseignements sur elle ?

— Facile ! Vous patientez ou vous rappelez ?

— Vous en avez pour longtemps ?

— Non, ça devrait aller plus vite que pour les deux autres : les fiches postérieures à 68 sont sur ordinateur…

“Je croyais que tout était informatisé. Marc a encore pris ses désirs pour des réalités” songea Alain. L’informatique, encore et toujours… Mais cela avait tout de même des avantages, en particulier celui de la rapidité. Il répondit donc :

— J’attends…

Quelques minutes plus tard, alors qu’Alain commençait à s’impatienter, l’employé de l’identité reprit l’appareil :

— Voilà, j’ai son dossier. Je m’excuse, ça a pris plus de temps que je ne le pensais. L’ordinateur n’était pas branché et…

Alain l’interrompit :

— Ce n’est rien.

— Bien. Patricia Villier, née en 1970 à Paris, dans le quatorzième arrondissement. Tiens, c’est votre secteur…

— Un pur hasard. Autre chose ?

— Euh… 1 m 60, yeux bleus, cheveux roux, confiée en 1974 à Georges Nardon, domicilié…

— Passons. Je suis au courant. Vous avez son adresse actuelle ?

— Aux dernières nouvelles, elle habitait au 17, rue de Pontoise, dans le cinquième… C’est tout ce que j’ai.

— Merci beaucoup.

Alain raccrocha. Il chercha dans l’annuaire Patricia Villier à l’adresse indiquée mais ne l’y trouva point. “Elle n’a peut-être pas le téléphone” songea Alain. Ou bien elle avait déménagé… “Où encore elle s’était mariée” ajouta-t-il après un instant de réflexion. De toute façon il devait y aller.

Il prit quand même le temps de déjeuner en vitesse avant de quitter son appartement. Une quarantaine de minutes plus tard, il était devant l’adresse qu’il avait obtenue. Aucune des boîtes aux lettres ne portait le nom de la jeune femme : Alain sonna la concierge.

Celle-ci sorti de sa loge en maugréant :

— Qu’est-ce que c’est ?

Alain comprit qu’il fallait l’impressionner s’il voulait apprendre quelque chose :

— Police, dit-il en lui présentant sa carte.

— Oui ?

— Je suis à la recherche de Patricia Villier…

— Elle a fait quelque chose ?

Alain éluda la question :

— Vous savez où je peux la trouver ?

— Elle a déménagé.

— Où ?

— Oh, je ne sais plus…

— Elle n’a pas fait suivre son courrier ?

— Si, si…

— Vous devez avoir l’adresse !

— Je l’ai eu… Mais vous dire ce que j’en ai fait, là, vous m’en demandez beaucoup !

— Vous ne l’avez pas gardée ?

— Si, sans doute, quelque part… Vous la voulez vraiment ?

— Puisque je vous la demande, s’impatienta Alain.

— Bon, bon…

Elle s’en retourna dans sa loge et Alain l’entendit fourgonner dans des papiers en marmonnant :

— Putain de flic… Venir me faire chier pendant mon feuilleton… et tout ça pour une putain d’adresse qu’il pourrait trouver dans l’annuaire…

Quelques minutes s’écoulèrent, puis un cri :

— Voilà ! Je l’ai…

Elle revint à sa porte. Alain avait sortit son carnet.

— Alors ? demanda-t-il.

— 217, rue de Belleville, dans le dix-neuvième… Autre chose ?

— Non… Au revoir.

— Vous pourriez dire merci, bougonna-t-elle.

Alain était certain qu’elle lui dirait cela. Il l’avait même presque souhaité et lui avait réservé une réponse :

— Le “putain de flic” vous remercie. Bon feuilleton !

La concierge ne répondit pas : elle se contenta de hausser les épaules et de claquer sa porte avec rage. Un grand sourire s’épanouit sur le visage d’Alain…

Il quitta la loge et reprit le métro jusqu’à Porte des Lilas et se mit en quête du 217. Mais il ne le trouva pas : les numéros passaient directement de 215 à 219. Alain commença à douter de l’adresse fournie par la concierge. Afin d’en avoir le cœur net, il alla interroger un commerçant :

— Bonjour.

— Bonjour, vous désirez ?

— Juste un renseignement répondit Alain.

Le vendeur se rembrunit quelque peu :

— Ouais ?

— Je cherche le 217 rue de Belleville, mais je ne le trouve pas…

— Ça ne m’étonne pas, il est dur à trouver. C’est une petite maison dont l’entrée se trouve derrière le porche de l’immeuble au 215…

— Ah, je comprends… Merci.

— De rien.

Alain quitta le magasin et retourna au 215.

Il poussa le portail de l’immeuble, traversa un couloir mal éclairé et se retrouva dans une petite cour intérieure où une charmante maison ouvrait ses fenêtres. Elle était coincée entre deux grands immeubles. Alain songea à un prisonnier entre ses deux geôliers et cette comparaison le fit sourire.

Il gravit les marches du perron de pierre et appuya fermement sur le bouton de la sonnette…

A suivre...


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