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07.02. Babel - Chapitre VII (2/4)

lundi 3 décembre 2007, par Luc de Bauprois


(Episode précédent)

De près, elle était encore plus belle et l’humidité de sa peau la rendait plus que désirable.

Alain se ressaisit : “ce n’était pas le moment, vraiment pas”, songea-t-il.

— Ça va mieux ? demanda-t-il d’un ton qu’il espérait assuré mais qu’il ne réussit qu’à rendre un peu rauque.

Devant le manque apparent de douceur dans la voix de son sauveur, elle parut déçue… Ou du moins Alain se l’imagina-t-il.

— Beaucoup mieux merci, répondit-elle. Des choses intéressantes ?

— Bof, des plans, encore des plans…

— Rien qui justifie l’incendie de ma maison ?

— Apparemment rien, mais sans doute est-ce toi que l’on voulait assassiner.

— Pourtant, la femme…

— Je sais bien, peut-être voulait-elle s’assurer que tu ne savais rien. De toute façon, elle a bien payé pour tout ça. Je me demande quand même comment elle a fait pour se libérer et appeler son complice…

— Où l’avais-tu laissée ?

— Attachée au radiateur de l’entrée, pourquoi ?

— Donc juste à côté du téléphone, répondit-elle simplement.

— Merde ! s’exclama Alain. Je ne l’avais pas remar…

Elle ne le laissa pas finir :

— Ce qui est fait, est fait. Ça ne sert à rien de se lamenter sur le passé ! Pensons plutôt à l’avenir.

— Tu as raison. Après tout, je n’ai pas encore regardé tout ce que contient le carton. Peut-être y a-t-il des choses dignes d’intérêt.

— Allons-y.

Ils revinrent vers la table. Avisant l’épaisse enveloppe qu’Alain venait de recevoir et qu’il tenait encore, elle demanda :

— C’était dans la caisse ? dit-elle en lui ôtant des mains.

— Non, c’est une lettre que la concierge vient de m’amener.

— Tu ne l’as pas ouvert ?

— Non.

— Tu n’es pas très curieux, constata-t-elle.

Pendant tout ce dialogue, elle n’avait pas cessé de tourner et retourner le paquet, tentant visiblement d’en deviner le contenu. Alain répondit simplement :

— Moins que toi…

— Oh, ça va ! De toute façon, la curiosité n’est-elle pas la base de toute connaissance ?

— Vas-y, ouvre-le, tu en meurs d’envie…

— Tout pour te rendre service !

Elle commença à décoller la bande de papier collant qui maintenait l’enveloppe fermée, lorsqu’Alain l’interrompit :

— Attends !

— Pourquoi ?

— Ce paquet, s’il était piégé ?

— Tu crois que…

— La bignole m’a parlé d’un homme bizarre. Sur le coup, je n’y ai pas prêté attention mais… Ils sont capables de beaucoup de choses, tu ne crois pas ?

— C’est vrai.

— Je vais l’ouvrir. J’ai déjà ouvert des colis piégés, ou du moins suspectés de l’être, quand j’étais encore au service action. Je ne pensais pas avoir à le refaire un jour.

— Tu ne préfères pas appeler un de tes collègues ?

— Et passer pour un imbécile si le paquet ne contient rien de dangereux ? Merci bien… Et puis, nous n’en avons peut-être pas le temps !

— Comme tu voudras.

— Toi, va dans la salle de bains ! Si tout saute, je préfère être seul…

— Mais…

— Il n’y a pas de “mais”, file ! Couche-toi dans la baignoire, c’est encore la meilleure protection.

— Bon, bon…

Patricia s’exécuta à contrecœur et Alain alla s’installer la cuisine, le paquet suspect entre les mains. Il prit un couteau bien aiguisé et continua à décoller la bande de papier adhésif.

Il progressait lentement, millimètre par millimètre, guettant l’apparition éventuelle d’un fil électrique pouvant déclencher l’explosion.

Plus que deux centimètres, plus qu’un… Rien, aucun fil suspect. Alain maintenait soigneusement fermée l’enveloppe. Le plus dur restait à faire : l’ouvrir… Le contact pouvait très bien se faire sous le rabat.

Il hésita à découper un côté du paquet, mais le papier renforcé de fibres ne lui inspirait pas confiance : il aurait été si facile d’y dissimuler un fin conducteur dont la rupture déclencherait la déflagration.

Soigneusement, lentement et sans à coup, il écarta le rabat de papier… Toujours rien. L’enveloppe était maintenant ouverte. Alain s’essuya le front en poussant un soupir de soulagement. La voix de Patricia le fit sursauter :

— Beau travail. Je ne te croyais pas aussi patient.

Alain ne put se retenir de la réprimander :

— Qu’est-ce que tu fous ici ? Je t’avais pourtant dit de rester dans la salle de bains !

— Pas d’y rester, d’y aller ! J’y suis allée et j’en suis revenue.

— C’est malin… Et si le paquet avait explosé ?

— Il ne l’a pas fait.

— Ce n’est pas une excuse.

— Oh ça va, descends de tes grands chevaux !

Alain se replongea dans l’observation du paquet, préférant ne pas lui répondre. Il entrouvrit la poche de papier, toujours aux aguets bien qu’il fût persuadé que le danger était maintenant écarté.

L’enveloppe de papier épais contenait… un plan. “Encore” songea Alain. Une petite fiche de bristol y était attachée à l’aide d’un trombone rouillé. Son regard se porta sur la signature du message : “Christophe”. Renseigné sur l’identité de l’expéditeur, il lut à haute voix :

— “Mon cher Alain, voici la carte que je t’avais promise… J’ai eu moins de mal à l’obtenir que je ne le pensais. J’espère qu’elle te sera utile… Elle est assez récente et les indications qu’elle comporte sont plutôt fiables : en général tu ne risques pas trop de tomber sur un bourrage non indiqué, au contraire : il arrive souvent que des passages bouchés soient repercés par les cataphiles… Une dernière chose : je t’ai mis deux exemplaires de la carte. Le plus grand est de la même taille que l’original, l’autre est une réduction à cinquante pour cent. Il est plus facile à emmener si tu décides de descendre dans les catas. N’oublie pas de tenir compte de la réduction en ce qui concerne l’échelle… À bientôt - Christophe”

Alain releva la tête :

— Sympa, Christophe, commenta-t-il. Je lui avais demandé une carte des catacombes et il n’a pas oublié.

— Que veux-tu aller faire dans les catacombes ? lui demanda Patricia. Tu fais partie de ces doux dingues qui se baladent la nuit dans les sous-sols de Paris ?

— Pas vraiment… En vérité j’y suis déjà allé une fois dans le cadre de l’enquête qui m’a menée jusqu’à toi.

— Comment ça ?

Alain lui narra toute l’histoire : depuis le meurtre du chauffeur de métro jusqu’à l’assassinat de son ancien tuteur, en passant par ses péripéties souterraines.

— Hé bien toi… conclut-elle.

A suivre...


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